Hillary Clinton a-t-elle mis un terme, lundi soir 26 septembre, à la glissade qui commençait à emporter sa campagne ? L’ancienne secrétaire d’Etat avait sans doute le plus à perdre à l’occasion de la première des trois confrontations prévues avec son principal adversaire, le républicain Donald Trump. Gratifié de sondages encourageants, au niveau national comme dans les Etats dans lesquels se jouera l’élection, le magnat de l’immobilier avait l’opportunité, lors de ce débat, de jouer sur le contraste entre son profil d’outsider et celui plus compassé d’une femme engagée à différents titres dans la politique depuis plusieurs décennies. Mais ce jeu de miroir n’a pas tourné à son avantage.

L’ancienne sénatrice a porté l’attaque qui a résumé une bonne partie de la soirée, après une quarantaine de minutes. M. Trump venait de la renvoyer à son rang de responsable politique classique,« qui parle bien sans que jamais cela se traduise par des actes » lorsqu’elle a repris la parole : « Vous me critiquez pour m’être préparée à ce débat, vous savez à quoi d’autre je me suis préparée ? A être présidente. » Sa précision et les généralités de son interlocuteur l’ont prouvé plus d’une fois.

Jusqu’à ce trait, M. Trump avait pourtant joué ses cartes avec un certain succès, en défendant avec force la nécessité d’une forme de protectionnisme pour lutter contre les emplois « volés » par les partenaires des Etats-Unis, principalement du fait de délocalisations. Il avait également peint sans être contredit un sombre portrait d’une Amérique prête à être reléguée en division inférieure.

Mais le milliardaire s’est progressivement noyé dans ses interventions, gâchant l’occasion de mettre en difficulté son interlocutrice sur la question du serveur privé utilisé pendant son passage au département d’Etat, un sujet expédié en trois phrases, pour au contraire se perdre dans mille détails à propos de ses propres controverses. Ce faisant, M. Trump a commis l’erreur de conforter l’une des critiques agitées contre lui par l’équipe de campagne de la candidate démocrate : celle d’être trop prompt à « mordre à l’hameçon » lorsqu’il est mis en cause.

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Tout sauf convaincant

Sur la défensive, M. Trump a été soumis aux questions insistantes du modérateur Lester Holt sur sa position à propos de la guerre en Irak. M. Trump clame qu’il a toujours été contre, ce que démentent des déclarations passées. Il en a été de même sur les accusations visant le lieu de naissance du président Barack Obama. Il a en effet longtemps laissé entendre que le président avait menti et violé la loi qui dispose qu’il faut être né aux Etats-Unis pour accéder à la Maison Blanche. Sur ces deux points, sur lesquels il se savait attendu, M. Trump s’est montré tout sauf convaincant.

L’une des interrogations qui entouraient le débat renvoyait à l’imprévisibilité du candidat et sa capacité de compenser par son instinct une connaissance généralement assez superficielle des dossiers. M. Trump, qui a souvent semblé excédé et impatient, interrompant systématiquement Mme Clinton, n’a pas semblé en mesure de combler l’écart avec cette dernière sur ce point. Il a presque donné l’impression, gommée ces dernières semaines par le recours systématique à des téléprompteurs, d’être au même point de connaissance que lors de sa première participation à un débat politique, le 6 août 2015.

Ce constat n’a rien d’anodin, puisqu’il soulève les interrogations sur un éventuel rebond. En 2012, le président Obama, réputé bon débatteur, avait perdu le premier débat qui l’opposait au républicain Mitt Romney avant de se ressaisir par la suite. Lors du deuxième débat, le 9 octobre, c’est désormais le milliardaire qui aura le plus à perdre.